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JATEKO(A) : suffixé de l’article-pronom relatif enclitique /-A/, la forme signifie “nourriture, aliment” et même “fournée, pain” (Estérençuby) : LABIA GORRITUKO DATAXIA JATEKUENDAKO ? “vas-tu me chauffer le four pour les pains ?”
  Mais JATEKO, forme verbale substantivée “pour manger, en vue d’être mangé, destiné à être mangé”, etc., est une forme gérondive extrêmement courante permettant de tirer des substantifs à partir des verbes : ZILATE-KO-A “perceuse” (de /ZILO/ “trou” ZILA-TU “trouer, percer”), JAUZITE-KO-A “sautoir” (de /JAUZ/ “saut” JAUZ-I “sauter”), etc.

  La nasale /n/ des gérondifs s’élide le plus souvent devant suffixe à occlusive : /JAN/ “manger” JAKI “met” et JATEN “mangeant” ; /JUAN/GAN/ “aller” JUATEN/GATEN “allant”. La règle n’est pas absolue : /JAN/ JAN-KA-TU “entamer”, “donner des coups de dents”, /-KA/ suffixe d’itération, mais NIA-KA-TU “mordre”, cf. le fr. d’Aquitaine le niac “le mordant” (/NI/ pour le yod).
  La nasale finale des désinences secondaires des verbes s’élide aussi devant suffixes à consonne : NENGOEN “je demeurais” et NENGOEN-EKO “pour quand je demeurais”, mais NENGOE-LA, /-LA/ conjonction complétive et suffixe d’adverbialisation “(je dis) que je demeurais” ou “tandis que j’étais demeurant”.

  Le morphème /-KO/ de JATE(N)-KO est une désinence de génitif de but équivalent du to anglais et du –do (dus) latin, cf. lat. quo-an-do, gr. οἵκαδε (ϝoíkade) “vers la maison” latif en postposition. Les désinences de génitif (/-EN, /-KO/) sur nom verbal (infinitif) servent à former les futurs avec auxiliaire fléchi comme les gérondifs et les futurs du latin. Pour l’intensité expressive la redondance /-ENKO/ s’entend (S) : JINENGO DÜZÜ “il viendra (sans aucun doute)”. Un /r/ de liaison phonétique s’incère entre thème à voyelle finale et désinence /-EN/ : IKUSI-R-EN ZAITUT “je vous verrai”, ETORRI-R-ENKO DA “il viendra (sûrement)”. Et pour le bascophone il y a l’impression de retrouver ce /r/ dans les participes futurs du latin, cf. morituRus “qui va mourir”, etc. Mais c’est dans les gérondifs que le familier de l’euskera perçoit le recouvrement des formes basques et latines : lat. Res lætanda “une chose qui implique réjouissance” = “une chose réjouissante” correspond à bsq. ZER-BAIT ALAITEKO-A (ALAI-TEN-KO-A) “quelque chose liée au fait de se réjouir”. Voir ALAI, ALAI-TU, JAI-ALAI.

  BENVENISTE, Origines, 136 : « [...] le rôle de l’adjectif en –ndus est de faire passer sur son antécédent le concept verbal comme tel ; il indique qu’un substantif est le siège ou l’objet du procès [...] opus perficiendum signifie “un travail où intervient, où est impliquée la notion d’achèvement” : un travail “à achever” ; historia legenda [...] “histoire à lire” ; iūs iurandum “formule à prononcer rituellement”, “serment” [...]. » Et p. 137 : « cette mise en relief du procès même par un adjectif rendait facile et pour ainsi dire fatal le développement de la notion de futur, d’intention ou d’obligation : un nom verbal “le manger” aura un adjectif signifiant proprement “relatif, exposé, voué au fait de manger” : edendus [bsq. JATE(N)GO-] “qui sera mangé, qui doit l’être, qui est propre à l’être”, etc. » Nous rappellerons ici que les féminins et adjectifs i.-e. se forment sur thème désinencé au génitif /-en/ : /*rix-/, /*reg-/ “roi” /*rigain/ “reine”, etc. Désinence actuelle de l’euskera. Ce même /-en/ de –ndus/-ndo et des infinitifs grecs en –εν (-en), outil important de dérivation. Dans JATE(N)KO la racine /JA-/ ou /DIA-/ peut recevoir les suffixes /-n/ et /-t/ /JAN-/ et /JAT-/, mais pour les analystes des formes latine edere, grecque ἔδμεναι (édmenai), hitt. ed-mi, skr. ȧd-mi “je mange”, got. itan “manger”, arm. utem avec /ō/... la racine en serait /*ed-/. Or la forme bsq. JA-I “fête” indique bien une racine /JA-/ suffixée /I/ désinence verbale primaire, comme ALA-I “joie, joyeux” sur /ALA/ “nourrir, nourriture”. Le radical nu /JAN/ peut avoir deux significations : 1º infinitif, 2º impératif impersonnel. De même que les radicaux des autres verbes : radical nu vaut, suivant les emplois, infinitif ou impératif : JUAN, KEN, EKUS, LOT, HAR, ATXIK, IGOR, IKUZ, JO, BOTA, etc.

  BENVENISTE, Origines, 133 : « [...] la forme radicale qui pouvait fournir un nom ( infinitif) ou exprimer comme impératif l’idée verbale. Il ne sera pas téméraire de chercher dans cette dualité ancienne l’explication du thème mystérieux sur lequel se constituent le futur et l’imparfait en /b/ de l’italique
[...] On n’a pas à retenir l’interprétation de amābō par *amāsi bō ou *amāns bō. La seule hypothèse qui mérite considération est celle d’une sorte d’infinitif amā, calē, audī juxtaposé à une forme personnelle de /*bhū-/. »

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