BEGIRA(T) mot formé sur BEGI “œil”
de /BE/BI/ “deux” et /*okw-i
/ “œil”, soit un ancien duel,
avec élargissement
phonétique (euphonique)
/R/ et /-A(T)/ désinence d'illatif.
Mot syntagme
sous entendant un verbe d'existence : le verbe être,
et signifiant “avoir, emmener, porter à l'œil, à
la vue”, c'est-à-dire :
1º |
“regarder” ; |
2º |
“soigner, conserver, garder, épargner, économiser”
; |
3º |
“surveiller, faire le gardiennage de” (troupeaux, malades,
enfants) ; |
4º |
“se conformer à, obéir, respecter, accomplir”
(les rites, prescriptions, contrats, paroles, etc.), “avoir
des égards pour, se soumettre à la norme” ; |
5º |
“se laisser convaincre, être convaincu, persuadé”
; |
6º |
“(se) préserver, (se) garder de” ; |
7º |
“attendre, prospecter, espérer, patienter, présumer,
supposer” ; |
8º |
“veiller” ; cf. AINGURU BEGIRALE
“ange gardien” et la variante BEIRALE
partiellement contracté. |
Il est courant de considérer BEGIRALE comme un emprunt
au lat. uigilum et uigulum
“veilleur, sentinelle”, uigiliārum
“corps de garde, tour de gué, guérite”, du verbe
uigeō, -ēre
“être bien vivant, être vigoureux, être éveillé”.
La similitude des formes est de prime abord frappante, mais les vocalismes
posent des difficultés : le /uig-/
lat. ne coïncide pas avec le /BEG-/ bsq. et A. MEILLET
735 : « en partant de uigeō,
qui est évidemment ancien, on n'aperçoit guère comment
peut s'expliquer l'/i/ de uigeō,
uigil par des procédés normaux de la phonétique
latine (à moins d'admettre une assimilation
/*uegil/
/uigil/ ?). L'/i/
ne peut être qu'une variation de caractère expressif ; cf.
le cas de cicindēla ou celui de
scintilla. » Quant au sens de
“veiller”, cf. le groupe de got. wahan
“veiller”, v.isl. vakr “éveillé”.
Lat. uigeō dérive du lat.
uīxī parfait
de uīuō “vivre”,
qui n'est pas sans évoquer bsq. BIZI “vie, vivre”.
Mais, M. 743 : « la gutturale de uīxī,
uictus est secondaire ; elle provient
de ce que, en position intervocalique, lat. /u/
peut représenter soit /*w/, soit
/*gw/. »
Voir BEHATU,
BEHATI, BEIRAN,
BERANDU, BEHATZE. |