ZORROTZ “aigu, aiguiser”.
forme radicale initiale /*ZOR-/ et /*ZAR-/ dans bsq. ZARRAST-
“racler, égratigner” : /*ZOR-/*ZAR-/ =
“racler, couper” ? Deuxième terme du composé
/-OZ/, /o/ par assimilation
de /*ZOR-/, soit une construction par redoublement ? À rapprocher
de gr. ὀξύς (oxús)
“aigu, pointu”, lat. acus,
de la grande famille de gr. ἀκ-
(ak-)/ak-
bsq. ZIZT-AK- “pointu”, AKAUN “dard”,
AKAIN “grande tique”
gr. ξυρόν
(xurón) : vieux nom du couteau ou du rasoir (Il. 10, 173). Ἐπὶ
ξυροῦ ακμη̄ς
(epì xuroũ akmēs) “sur le tranchant du rasoir”,
expression proverbiale (Chtr. 769). Gr. ξυροδόκη
(xurodókē) “boîte à rasoir”.
Cf. gr. ξυρόν
(xurón) est relié au verbe ξύω
(xúō) “racler, frotter, gratter, écorcher, rendre
lisse”. Forme que l'on peut rapprocher de bsq. /ZARRA-/ “(idée
de) gratter, racler, etc.”
BIZARRA “barbe”, ZARRASTA- “écorchure”,
ZARRAMASKI , etc., et sans doute de lat. rādere
“gratter, écorcher, racler”, dont MEILLET dit
(563) : « aucun rapprochement net. Le vocalisme ne se laisse concilier
ni avec celui de lat. rōdō
“ronger” ni avec celui de skr. rádati
“il gratte”. Mais une parenté semble probable ; des difficultés
de ce genre sont choses courantes dans les termes techniques . »
Le préfixe (?) /ZA-/ de la forme basque /ZARRA/,
en général dédoublée : ZARRA-ZARRA dit
de l'action du faucheur, de la vache qui broute, du barbier, etc., peut
être l'équivalent de éol. ζά-/gr. διά-
(zá-/diá-) “à travers” : ZARRAMASKI
“estafilade”, ZARRAKATU “(se) fendre” dit
du verre, de la terre desséchée, de dalles, etc.
Enfin, bsq. ARRAITZ “pierre à aiguiser la faux”
: le deuxième terme /-AIZ/ signifiant “pierre”,
le premier membre doit signifier “racler, frotter, aiguiser, etc.”
probablement ? Et ARRAMA, bien que d'un champ sémantique
plutôt abstrait, évoque l'idée “d'arrachage”
car désignant “le grondement du tonnerre”, “le
bruit d'une chute d'eau, de la mer”, “le hurlement de loup,
le brame de cerf”, etc.
Cependant un doute subsiste : bsq. ZORROTZ “aiguisé,
pointu, acéré”, et le verbe ZORROTZI “aiguiser,
affûter” pourraient-ils relever de la même famille que
GARRATZ (alternances s-z/g-k normales)
“fragon ou petit houx” et l’ensemble aurait pour racine
/*KAR-/*K(H)AR-/ “pierre”, “dur”
KARRA-KA-TU
“gratter, racler, graver”, cf. gr.χαράσσω
(kharássō) “aiguiser”, χαράδρα
(kharádra) “ravin pierreux, lit d’un torrent” ?
Ou alors bsq. GOR, K(H)OR “dur” et forme
à redoublement GOGOR, cf. skr. harṣate,
lat. ēr (de /*hēr/)
“se raidir, se hérisser”
racine sera l’i.-e. /*gher(s)/
? Voir GEZTERA |