KOKORAZ/TZ “chant de la poule
après la ponte”, “cri d'alarme des poules et du coq apeurés
ou dérangés”, différent du cri de détresse
ou du croassement de douleur à l'attaque par les prédateurs
: KARRANKA. KOKORAZ/KOKOROZ semblerait un redoublement
intensif ; la base pouvant en être KORAZ, le premier terme,
dissimilé
*KOR-KORAZ. Mais le /z/ final étant une désinence
d'instrumental,
le tout signifierait “à hauts cris”, cf. HEIAGORA
: 1º “clameur, cri élevé” ; 2º
“cri perçant de détresse”. Les deux formes sont
suffixées de /-KA/ à valeur de répétition
: KOKORAZ-KA et HEIAGORA-KA “à hauts cris”
et “à hauts appels /HEI(A)/” (Lh. 428) : «
interjection servant à appeler [...] V. DEIA »
+ /GORA/ “haut, élevé”. Ainsi, on peut reconstruire *KAR GORAZ-KA “à hauts cris”, /*KAR-/ “cri” qui par assimilation régressive a donné KO(R)KORAZ (KOKOROZ se dit aussi). /KAR/ n'est plus empoyé que dans les composés démotivés pour les locuteurs actuels. KARRANKA “croassement”, XARANGA “instrument de musique à vent”, XARINGA “glapissement”, ignoré de Azk. et Lh., XAINGA “jappement”, ZAUNKA “gros aboiement de grand chien”, ZINKURIN “complainte pleurnichante”, ZINKA “cri de victoire” ; “hennissement” ; “braiement”. Correspondances hypothétiques avec KOKORAZ : gr. κοραξ (korax) “corbeau” et par métaphore pour désigner des objets crochus, d'après le bec du corbeau : “grappin, crochet de porte, instrument de chirurgie” ; bsq. KA(R)KOTS, absent de Azk. et Lh., “crochet, croc” pour plier les branches des cerisiers à la cueillette, KARKAITZ “carquois” : « MATRAZU ORREK URTE EZEBAN KARKAIZ ORRETAREAN : ce javelot ne sortit pas de ce carquois » (Refranes, 229). P. CHANTRAINE 565 : s/κοραξ « finale en /-αξ/ fréquente dans des mots familiers (ici elle peut reposer sur /n̥/), κορώνη (korṓnē) et lat. cornix “corneille” [...] termes expressifs qui doivent reposer sur une onomatopée . » Finalement cette nasale semble rapprocher ces formes de composé bsq. KARRANKA, de /KAR/ “cri” + /ANGA/ “étroit et long”. Voir ce mot. |
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