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KARRANKA “croassement”, “cri de gros oiseaux canards, corbeaux, grues, hérons,...”, est un composé de /*KAR/*XAR/*ZAR/*SAR/ “cri” et /*ANGA/ “étroit et long” et sens secondaire “aigü”, à la base de nombreuses formes : XARANGA “instrument de musique à vent”, XARINGA “glapissement”, XAINGA “jappement”, ZAUNKA “gros aboiement de grand chien”, ZINKURIN “complainte pleurnichante”, GARRIMA “cri de femmes, d'enfants”, ZURRUNGA “ronflement”, ZINKA “cri de victoire”, KURRINKA “cri de porc” ; mais aussi LUZ-ANGA “escogriffe, long et éflanqué”, PAL-ANGA “barre à mine”.

  On observe le degré plein (thème I) de la racine /KAR/ “cri” dans toutes ces formes. Ce qui semble être le fait régulier des mots bsq. Cf. gr. κλαγγή (clangḗ) “cris, cris aigüs”, κλαίω (claíō), κλαίω “pleurer” “pleurer”, lat. clamāre “crier, proclamer”. N'ont pas à ce jour d'étymologie (M., Chtr.). Or voilà la racine /KAR/ au degré réduit (th. II) /KL/RA + ANGA/ contracté ou même amuï. Cf. gr. κράζω (klázō) “crier”.
  Pourtant on retrouve le th. I dans lat. canō “chanter”, angl. sing et song “chanter”, méconnaissable, bsq. ZINK, gr. καλειν (kalein) “appeler”, κελαδος (kelados) “bruit, clameur”, κελαρύζω (kelarúzō) “bruire” en parlant de l'eau ou de liquide, bsq. KAL-KAL “bruit de la bouteille qui verse” et, surtout, GAL-AR-OTS “charivari”, litt. “cris bruyants de mâles” ; gr. κραυγή (kraugḗ) “cri”, κραυγάζω (kraugázō) “crier”, κρώζω (krṓzō) et κράζῳ (krazōi), “croasser” (des th. II) , κóραξ (kórax) “corbeau” (th. I).
  A. MARTINET, Évolution des langues, 167 : « ces alternances de /k/ et de /w/, gr. κóραξ, -κος [kórax, -kos] et lat. coruus [...] On peut poser /korohw-/ conservé comme athématique en grec et thématisé en latin : /korohw-s/ passe à gr. κóραξ [kórax] avec extension analogique de /k/ aux cas obliques ; /korohw-o-s -/ donne régulièrement coruos, tout comme /aroh-o-s/ donne aruos. On pourrait naturellement faire valoir que les mots de ce type sont de nature presque onomatopéique et qu'on ne s'attend guère à ce qu'íls aient été soumis à une évolution règulière. Toutefois, les différentes formes i.-e. [...] [de] même domaine sémantique présentent très fréquemment un /ō/ après un /r/, ce qui vient à l'appui de la laryngale de pouvoir colorant /o/, c'est à dire /hw/, comme la troisième consonne de la base (des laryngales). Outre gr. κορώνη [korṓne] “corneille”, nous trouvons κρώζω [krṓzō] “croasser”, et au degré zéro κράζῳ (krazōi) de même sens, et v. angl. hróc, d'une forme germanique qui a donné le fr. freux, v.h.a. hruoc “corneille”, lat. crōcio, -īre “croasser”, v. sl. krakati, même sens. »

  On voit la distance qui a dû séparer bsq. KARRANKA, transparent, et ces formes compactées “racines”. On a tout de même bsq. ERROI “freux, corbeau qui niche dans les rochers”, ce qui peut expliquer l'étymologie populaire ERROITZ “ravin” et BELE ERROI... serait le “corbeau de ravin” ? Mais la forme serait empruntée peut-être, à la lumière de l'évolution phonétique qui a abouti aux formes germaniques et françaises.
Voir LINGAR/NINGAR.
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