HANDI : 1º “grand”, “qui dépasse
les dimensions ordinaires” ; 2º “grand de taille,
gros, fort, important” ; 3º “beaucoup” déterminant
des termes désignant l'idée d'expansion : passions, connaissances,
influences, etc. ; 4º “(se) regarder de haut, être
en froid” ; 5º “altier, arrogant, prétentieux”
; 6º “grave” dit de maladie, de l'inquiétude,
etc. ; 7º adverbe “beaucoup”.
La forme HANDI est courante : Nombreux dérivés
: HANDIKERI “orgueil méprisant”, HANDI-MANDI
“prétention de supériorité”, cf. sur ce
type de formation M. MORVAN, Les Origines linguistiques du basque
; HANDIETSI “glorifier”, HANDI-KARI “flagorneur
de riches, prétendant se frotter aux classes supérieures”,
etc.
Le terme semble être une forme verbale par sa flexion
/i/ primaire : cf. /-TU/-TI/ ; /t/
/d/ après nasale. Le radical en est sans doute /HAN-/HANT-/
“(s)'enfler, gonfler” : HATS HANTU “s'essouffler”,
au figuré HANTU “flatter quelqu'un” ; POZEZ
HANTU “(se) remplir de joie”, à noter que POZ
“joie” dérive de /BUHA-Z/ (/Z/ instrumental
“soufflant”) “souffler”.
Correspondances :
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Gr. ἄνεμος
(ánemos) “vent” ; lat. animus
“souffle, air” et “âme”, correspondant
à gr. ψυχή
(psukhḗ) “âme”
/*bhes-/ “souffler”,
lat. animalis/gr. ἔμψυχος
(émpsukhos) “qui respire, qui vit”, “être
vivant”, proche pour le sens de lat. bēstia,
de bsq. PIZTI “bête, être vivant”
i.-e. /*bhes-/ et bsq. BUHA-Z
“souffler” ; skr. ȧnı̊ta-
“souffle”, gall. anadl,
arm. holm (*onə-mo-),
etc. Chtr. 86, M. 34. |
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Surtout pas de rapport avec lat. grandis
“grand” qui dérive d'une autre racine, comme peut-être
lat. grauis “pesant, grave”,
probablement gradus “pas,
degré, pas que l'on fait pour grimper une échelle, un
escalier” ; toutes formes intéressant le bascologue.
En effet :
° |
Pour grandis,
M. 281 assène : « l'étymologie de ce mot
“vulgaire” à vocalisme /a/
est inconnue. Le mot i.-e. signifiant “grand” est
représenté par latin magnus.
» Grandis serait un
thème
II de GARAINDI, thème I, “dépasser”.
Cf. bsq. NAGUS-I/NAUS-I, lat. magis
“plus”
magister “supérieur,
maître”, gr. μέγας
(mégas). |
° |
Pour gradus,
M. 280 : « lit. grī̌diju,
grîdyti “aller, se promener” [...]
got. grid (accusatif
singulier), gr. βαθμον
(bathmon) = “marche, échelon” [...] v. sl.
grędą “je
viens” [...] dans l'ensemble, le groupe est obscur. »
GARATU ? |
° |
Pour grauis,
M. 282: « lat. *graui-
repose sur une forme /*gwrəw-/
où l'/u/, ayant une
forme consonantique, n'élidait pas le /ə/
précedant. [...] skr. garimā́́
“pesanteur”, [...] persan giran
“lourd”. Pour une forme /*gwru-/,
noter skr. gru-muṣṭịh
“pleine poignée”, irl. bruth
“lingot”, lett. grūts
“lourd”, etc. . » |
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Nous laisserons le dossier de grauis,
problématique, de côté. On peut sans témérité
proposer pour grandis et gradus
(des thèmes II) les formes du bsq. GARAINDI,
GAINDI, GARAI-N,
GARAI-TU, GORA,
GIRI, GEREINO,
etc., toutes dérivant de /GAR-A/
(gr. κάρᾱ -kárā-)
“tête” et idée de “hauteur”.
Voir ces mots.
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