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EROAKI/ERAMAKI de EROAN/IROAN, IRUIN (ETXAHUN Barkoxe) : “faire aller”, “emmener”, “emporter”, Cf. AHARDI.
  La forme ERAMAN, la plus usitée dans la langue moderne, s'explique par la consonnantisation de la diphtongue /oa/ en la sonante /m/ ; cf. EUREN “leur”, lat. “eorum”, BEREN ; ARAUERAT “à la norme (de)”, “en fonction de”, “selon” ARABERA ; *AIETI BET(H)I “toujours”, cf. lat. æt-er, iran. yauvét “toujours”. Voir article BET(H)I

  ERAMAKI est une forme ambigüe : elle peut s'analyser comme adverbe déverbatif (suffixe /-KI/), cf. JOA-KI, lit. “allant, en train d'aller”, JAKIN-KI “sachant, dans l'état de celui qui sait”, IZAN-KI “étant”, UKAN-KI “ayant”, IBIL-KI “circulant”, etc. Donc d'aspect duratif d'imperfectum. Mais la forme évoque un participe parfait et parfois est utilisé comme tel en contexte bien clair pour les locuteurs. Cf. ce chant de date inconnue (les auxiliaires sont élidés car les désinence d'ergatif des deux sujets le permettent) :

  « AMODIOA ZOIN DEN ZOROA MUNDU GUZIAK BADAKI
  « NIK MAITEÑO BAT UKANKI-ETA BERTZE BATEK ERAMAKI
  « JINKO JAUN HUNAK EGIN DEZALA ENEKIN BAINO HOBEKI ».

  « Combien sot est l'amour si tout le monde le savait
  « Moi (étant en situation de celui) qui a une bien-aimée un autre l'a emportée
  « Puisse le ciel la faire mieux (= plus heureuse) qu'avec moi ».


  UKANKI-ETA est clairement de signification de perfectum (qui recourt à deux suffixes à valeur d'achèvement de procès : /-IKAN/ et /-ETA/-TA/, type ASKATUTA ASKATURIKAN), raison pour laquelle on ne doit pas traduire ce /-ETA/ là par la conjonction de coordination fr. “et” car il est désinence de parfait dans la réalité. Exemple de bertsulari :
  « BERIZ EZ NAZ OFERAKO ARDO EDAN-DA »
  « Je ne viendrai plus au lit après avoir bu (saoûl) »

  Mais le parfait bsq. peut avoir un sens de présent inchoatif, tout comme en grec (cf. Les degrés du verbe, sens et formation du parfait en grec ancien, André SAUGE, Peter LANG, 2000). Dans la strophe du chant, le deuxième parfait ERAMAKI sera traduit en fr. par un parfait, ce qu'il est effectivement dans le contexte. Lequel suppose les auxiliaires in absantia fléchis, l'un à l'imperfectum et l'autre au perfectum (présent). La langue apprécie la rhétorique éliptique toujours. Cf. LAFONTAINE : « deux coqs vivaient (imperfectum) en paix, quand survint (perfectum) une poule ». Le fr. élucide expressément les aspects prédicatifs, le bsq. les suggère souvent.
  Ici la chanson dit « j'avais une bien-aimée qu'un autre m'a enlevée (ou m'enleva) ». Cela fait bien deux degrés différents de “parfait” analogues aux degrés de l'adjectif dans le système du nominal. Quant à la syntaxe : la subordination relative n'a pas de marqueur grammatical, fonction confiée au mécanisme de la parataxe, ce qui atteste la syntaxe archaïque de l'i.-e. évidente dans les textes hittites. Cf. J. HAUDRY, L'Indo-européen, PUF.
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