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ZUHUR (BN, L, S), ZUR (monosyllabe Azk., de ZUUR ?) : 1º “prudent, discret, sage” ZUHURTZIA “sagesse”, attribut suprême de Dieu, des grands chefs, du chef de famille, etc. ; 2º “prévoyant, économe” ; 3º “avare” (Lh. XUHUR, Azk. pour cette acception rapporte ZUGUR) ; 4º adjectif “aigü” dit de l’ouïe ; 5º “attentif”.
  LHANDE suggère lat. sēcurum comme étymologie, ce qui semble acceptable pour la forme, mais non pour le sens car lat. sēcūrus signifie “libre de soins ou de soucis” (ab aliquā rē : vis-à-vis de quelque chose), d'où “confiant, assuré” ; et en parlant de choses « qui ne causent pas de soin(s) ou de soucis, sûr. » M. 159. Soit “insouciant”, c'est-à-dire rien de comparable à ce que désigne le bsq. ZUHUR. La formation sēcūrusus est du type de sēdulus (de dōlus “ruse, tromperie”) qui est un juxtaposé : sē dōlō “sans tromperie” et sē cūra “sans soucis”. On peut remarquer l'homologie des négatifs bsq. et lat. : bsq. ZEGARRI ( EZ EGARRI) “non assoiffé” et lat. sobrius ( sē ebrius), etc. On peut aussi penser que ZUHUR “sage” et ZUGUR/XUHUR sont de deux sources différentes. AZKUE rassemble sous l'article ZUR “écuelle de bois, oreille fine, etc.” ; une confusion s'est produite entre ZUR = “bois d'œuvre” et ZUHUR = “attentif, etc.”, du fait de l'homophonie entraînée par l'élimination des aspirées et la perte consécutive d'une syllabe dans les parlers du Sud, à l'origine de la corruption de nombreux termes : ARI pour HARI “fil” ; ARI pour AHARI “ovin mâle, bêlier (Aldudes)”, déjà ariēs “bêlier” en lat. ; ARI (de ARE) “être (entrain de)”, etc...
  Quant à létymologie hypothétique de ZUHUR “sage”, on peut faire le rapprochement (géographiquement lointain, mais ce n'est pas un cas isolé) de l'avest. sūra “fort, vaillant, prospère”, qualification de plusieurs dieux, de Zarathuštra, de la notion d'“aurore” ; de gr. κῡρος (kūros) “fort”, κὺριος (kùrios) “souverain”.

  Le rapprochement le plus plausible semble lat. sāgus, dont le sens général est “avoir du flair” ; cf. sagax nasum habet, Plt. Cu. 110 b, “le sage a du nez”. Cf. bsq. SUDUR “nez” qui semble une forme verbale ; cf. URDUR-I, HAIDUR, etc., de /*SUS-/*SUD-/*SUND-/ “flair” + /UR/OR/ “être à”. La forme latine dériverait (A. M. 589) de la racine /*sāg-/*səg-/ qui a « dû fournir un présent radical athématique, à en juger par l'opposition entre lat. sāgiō et irl. saigim “petō, adeō” (avec subjonctif sās). Le grec s'est tiré d'affaire en employant le type itératif : dor. ἁγεομαι (hageomai), att. ἡγοῦμαι (s/hēgoūmai) “je conduis, je dirige en qualité de chef” (aoriste ἡγησάμην [ϝ/hēgēsámēn]) . » Hitt. šakiya “montrer des signes, présager”, šakiyah “faire connaître, manifester, prononcer un oracle”.
  Bsq. JAKI/XAKIN “savoir” évoque le hittite et a, semble-t-il, pour base /*okw-/ “œil, voir” ; cf. gr. δοκάω (dokáō) “s'attendre que”, lat. doceo “faire voir” vont dans le même sens. Bsq. ZUGUR/ZUHUR, lat. sāgus auraient quelque part leur base dans /*okw-/ “œil, voir” et “prévoir” ? : cf. bsq. (H)AGINTE “pouvoir politique”, (H)AGINTARI “dirigeant”, (H)AGIAN “peut-être, dans l'éventualité = cast. ojala”.

  Autre étymologie possible: une forme radicale /*ZOR-/ se trouve dans bsq. ZORROTZ “pointu, aiguisé” ZORROTZ-I “aiguiser”, et /*ZAR-/ dans bsq. ZARRAST- “racler” (cf. le composé bsq. BIZAR “barbe” gr. ξυρόν (xurón) nom du “couteau” ou du “rasoir”). Avec correspondants possibles : arm. sur “tranchant”, adjectif, seyr “le tranchant”, substantif, M. 145, s/cōs “pierre à aiguiser” : « la forme à degré zéro est attestée par skr. çitȧḥ “aiguisé”, irl. cath “sage”, lat. cătus “aigu, pointu” et cognomen Cătō ». Le bsq. offre : 1º GEZI ( GEZ-I) forme verbale substantivée “dard” et peut-être (G?)EZTEN “dard, pointe de flêche”, 2º GESTER-A/GEZTERaguzadera, piedra rotativa de afilar : meule, pierre rotative pour aiguiser” GEZTERA-TUafilar : aiguiser sur la meule”, 3º KIZKOL dans HARRI-KIZKOL “gravillon” ou KIZ-KOR “gravier” et “racorni au feu” qui livre le sens du radical /*KIZ-/*KEZ-/ “pierre, caillou”, cf. lat. cōs et nouacula, skr. avec infixe nasal ks̥ṇauti “frotter, polir, aiguiser” et ks̥ṇo-tra = bsq. GEZTER-A “pierre à aiguiser”, Chtr. 769. L’infixe nasal du sanskrit se retrouverait (une désinence de génitif) dans bsq. EZTEN “dard” et germ. stein, stains, angl.-sax. stone “pierre” (toponyme Stonehenge) ??, gr. στέᾱρ (stéār) /*steə2y- /, avest. stā(y)- “tas, masse”, avec vocalisme zéro /*stə2-yā/ dans skr. styāna- “solide, ferme”. Chtr. 1045. Mais “l’infixe nasal” de MEILLET peut n’être que la trace du verbe fossile *nouare “gratter”, présent encore dans (ks̥)nouacula “rasoir”.
  On peut verser au dossier de ZUHUR encore une autre piste : la famille de gr. ὁράω (ϝ/horáo) “voir, porter la vue sur, contempler”, dont MEILLET écrit : « le radical n’est pas analysé sûrement » et pour lequel CHANTRAINE ne donne guère plus d’éclairage, qui semble répondre à bsq. /*OK-HAR/ (de /*OK-/ “œil” + /HAR/ “prendre”), aurait-elle éventuellement subi une convergence avec celle de bsq. /*KAR/ “pierre” KARRA-KA-TU “racler, gratter, graver, marquer” /*ZAR/ ZARRAST- “racler, gratter” /*ZOR-/ ZORROTZ ? On partirait de deux racines différentes dont les développements de sens convergeraient pour donner “pointu, tranchant, aiguisé” et “sage” ?? Problématique sans être impossible.
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