Toutes ces formes sont encore usuelles (Estérençuby), particulièrement en montagne dans le vocabulaire des bergers, dans des sites extrêmement humides, nébuleux et brumeux du versant nord des Pyrénées.
La finale en /-ail/ (irl.), /-el/ (lat.), /-al/ (gr. ὀμαλός - ϝ/homalós -), etc., répond à suffixe bsq. /-AIL/ de GORRAIL “rougeâtre”, ZUHAIL “blanchâtre”, HORAIL “jaunâtre”, etc., soit litt. “qui tourne au rouge, au blanc, au jaune, etc.” De /*wo / el-/ “tourner” et donc lat. semel = “à peu près le même, semblable”. Ainsi, suivant l'hypothèse d'un /HOB/OB/ expliquant le /b/ de LANBRI, LANBRO (LANGAR serait une variante /g/b/ et LANPAR une variante /p/b/), le sens de ces formes serait “brume et eau ensemble”, ce qu'elles désignent en fait. Le gr. ὀμίχλη (omikhlē) “brume”, lit. miglà, v. sl. mīgla, skr. meghá- “nuages”, avest. maēγa “nuage”, arm. mēg “brouillard”... ont l'étymologie en suspens dans Chtr. 798 qui renvoie à /*meiḡh/ et interprète le /o/ initial comme une prothèse. Il semble qu'on doive proposer /*OB-HUL-A/ “presque eau, qui toune à l'eau” ; la dorsale du grec et la laryngale du sanskrit correspondent à l'inspirée /h/ rencontrée dans bsq. HUR-A/HUL-A. Cf. anthroponyme UGALD1 pour UHALDE. A. MEILLET 310, dans lat. imbuō “imprégner” et imbėr “pluie”, trouve le /b/ problématique. De même P. CHANTRAINE 796, dans gr. ὄμϐρος (ómbros) “pluie”, se pose le problème de ce /b/ ou /bh/ « car /ß/ peut représenter une aspirée après une nasale 2 cf. SCHWYZER, Gr. Gr. 1, 333. » On est même allé chercher une analogie de formation dans des mots de type september, -bris pour expliquer lat. imbėr, -bris. Le skr. a ámbhas- neutre “eau, eau de pluie” et aussi ámbu- neutre “eau” et, avec vocalisme zéro abhra- neutre “nuage” ; avest. awra “nuage” ; l'arm. amb, amp, génitif -oy “nuage” d'après Chtr. 796 : « ambigu et quant au vocalisme et quant à la finale. » On peut rattacher peut-être à la même famille gr. νεφελη (nephelē) “nuée”, νέφος (néphos) “nuage”, lat. nebula “brouillard, nuée”, skr. nábhas- “nuage, brouillard”, hitt. nepiš “ciel” (de /*nebhes-/, Chtr. 748). Comment comprendre ces nasales initiales si l'on persite à comparer ces formes i.-e. avec des formes à /l/ initial du bsq. LANBROST, LANPAR, etc. ? On peut évoquer /n/l/ de LEHĪ/NAHI “volonté, vouloir” de /*wo / el-/ “tourner”, LAHAR, LAP(H)AR, NAPAR, GAP(H)AR “ronce” de /*LAP-/ “coller, accrocher”, cf. gr. λάφῡρα (láphūra) “butin” de /*labh-/, Chtr. 623, skr. lábhate “saisir”, bsq. LAPHUR “voleur, pirate”, cf. toponyme LAPHURDI = “Pays de pirates” et ÑAP(H)UR, NIAP(H)UR“ chapardeur”, “qui enfreint les règles”. Ainsi résolue la correspondance /n/l/, on peut avancer l'hypothèse de la parenté de lat. nebala et bsq. LANBRO, etc. LANGAR peut s'expliquer par /-GAR/ “faire, produire” de l'eau, et serait la forme originales des autres. Cf. LINGAR, LIMAR, LEIBAR, LIMER. 1 [ n.d.l.r. Martin UGALDE, célèbre défenseur de l’euskera, † 2004] 2 Citation soulignée par nous |
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