Si un moteur de recherche n'a sélectionné que cette page coupée du reste du service, cliquez sur le bouton Pour accéder à tout le site web ETCHAMENDY.com
IK(H)AS-I/IKAS-I : idée générale d'apprendre: “apprendre, expérimenter, éprouver (moyen passif)”.
  Avec le factitif /ERA-/IRA-/ “faire” préfixé ERAKATSI ou suffixé IKASERA-ZI “enseigner, faire apprendre”, parallèle à lat. doceo, -ēre “faire voir, enseigner”. IRA/ERAKUTS “faire voir, montrer, enseigner, dévoiler, démontrer”, factitif /ERA/ + /KUS/ “voir”, vérifie bien l'origine du mot IK(H)AS, qui est à peu près synonyme de (I)KUS “voir”: on “apprend” en voyant comme on “sait” parce qu'on a vu. On constate une alternance vocalique qui a pu, dans le passé, signifier une flexion verbale, de préterite ? dont le basque moderne n'a pas trace, mais observable dans les langues i.-e. dont le groupe germanique.
  Lat. doceo, -ēre : causatif “faire apprendre, enseigner”. Si l'on veut s'inspirer du mécanisme de formation de bsq. ERA-KUTS, qui est transparent, on peut déduire l'histoire du lat. doceo, et surtout de gr. δοκέω (dokéō) de i.-e. /*okw-/ “voir” + l'/e/ factitif + la voyelle thématique amalgamée avec la désinence de première personne /ō/ /*oo/ (cf. le causatif skr. /ya/, bsq. /Ā/ = /ERA/ARA/).

  Reste le problème de la consonne /d/ initiale : ce doit être la trace d'un duel (/duo/dwis/ “deux” (cf. ζευγνυμι [zeugnumi], jungō), δοκέω (dokhéō) aor. ἔδοξα (édoxa) “je crois”, δοκει (dokei) “il semble”. M. 181 « il s'agit de formes dérivées, en face du présent athématique, qu'attestent Hom. Δεκτο [dekto] “il recevait”, δεγμένος [degménos] “recevant”, ce qui explique ion.-dor.-lesb. δέκομαι [dékomai], att. Δεχομαι [dékhomai]. » MEILLET, 181, admet que « le sens de lat. doceo, (et de disco) est dérivé ; le grec a de même διδάσκω [didásko], avec une valeur factitive qui s'explique, comme dans disco “apprendre par le redoublement”. Il est probable que lat. decet “il convient” est aussi apparenté. Mais on ne peut faire que des hypothèses sur la façon dont le sens a évolué dans doceo, d'une part, et decet, de l'autre. » L'adjectif dérivé de decet est dignus que M. 167, rapproche de véd. dāsti “il rend hommage à”, de l'ombrien tiçit ; or on a (cf. IK(H)US) skr. ikṣate “il regarde”, véd ákṣi “œil”, bsq. IKUSTATE (Lh. 502) “égard, considération”. Il semble donc évident que lat. doceo, decet, gr. δέχομαι, δέκομαι (dékkomai, dékomai) “attendre”, dans le sens de “guetter, avoir l'œil”, comme bsq. I-DOKI/E-DUKI “tenir, verrouiller une annonce (de jeu de cartes) en attendant la conclusion”, doivent être reliés à la racine i.-e. /*okw-/ “voir”, “œil”. Pour A. MEILLET, ce qui fait que le nom de l'œil varie d'une langue à l'autre ce sont les croyances attachées au mauvais œil. Ceci résulte notamment des faits iraniens ; dans l'Avesta le nom correspondant au vieux nom neutre de la racine, à l'élargissement /s/ ; cf. v. sl. oko “œil” (gén. očese), véd. ákṣi (gén. akṣanaḥ), à savoir aši, “désigne l'œil d'êtres mauvais”. L'élargissement en cause pourrait n'être qu'une désinence d'instrumental ; ainsi bsq. /Z/S/ (cf. BEGI-S-TATU “viser”, HUR-ES-TATU “arroser”, etc...).

  Le grec δεχομαι (dékhomai) “attendre, accuellir” (Hom.), “accepter”, etc..., relevant de la même origine /*okw-/, ainsi que bsq. E-DUK-I/I-DOKI “tenir ferme, être aux aguets”, etc. et IHARDOKI, absent chez Azk. et Lh., “tenir tête, faire face, contester”, etc. Les significations des formes en langue et en parole peuvent différer (F. de SAUSSURE, Cours. Payot, p. 36 ).
  Lat dix, dicis, dicō, -is, dicō,-as : M. 172: « formes alternantes de la racine /*deik /dik-/ “montrer” : gr. δεικνυμι et δικη (deiknumi, dikē) ”faire voir”, ombr. deitu, v. angl. tēon “accuser”», bsq. DEITU “citer en justice”, skr. adikṣi, lat. dixi, gr. ἔδειξα (édeixa) “j'ai montré”, lat. signum “enseigne”, etc. ont, comme bsq. ERAKUTS, lat. doceo, pour racine /*okw-/*d-okw-/ (/duo/dwis/) “deux” + /okw-/ “œil, voir”, /*deik-/*dik-/ de P. CHANTRAINE, A. MEILLET et même sequi de E. BENVENISTE.
Retour à la liste des mots du lexique
commençant par I