GURA “envie, désir, volonté, vouloir, souhaiter”
(avec auxiliaire être -moyen déponent-
ou avoir, transitif).
Cf. Chtr. 1248, s/χαίρω
(khaírō) “se réjouir, être joyeux, aimer”,
gr. χάρις
(kháris) “joie”, rapproché de v.h.a. ger
“désirant”, gerōn
“désirer”, gern “désireux”,
skr. háryati “désirer,
aimer, avoir plaisir”, bsq. GURA-TU “aimer, désirer”.
Gr. χάρμᾶ
(khármā) “envie du combat”, etc., Chtr. 1240. Il
pose la racine /*χαρ-ye/o-/,
c'est-à-dire /*ghor-ye/o/
pour le grec, /*gher-/ pour le skr.
On a de la même famille lat. hortor,
v. lat. horitur “il exhorte”,
osq. herest “uolet”.
Le /o/ du lat. se retrouve dans le /u/
du bsq.
Le latin offre un autre rapprochement tentant :
gerō, gerere “porter (sur soi, avec soi)”, “produire”,
“exécuter”, “administrer”
armi-ger (
arma, gero) “qui porte des armes”,
“qui produit des hommes armés” ; sæti-ger
( sæta,
gero) “hérissé de soies”, “sanglier”
; la différence avec fero, ferre
est souvent insensible (M. 273). De cette famille on a un autre verbe gestiō,
gestire, “(faire des gestes), se démener sous l'empire
de la joie”, “avoir des transports de joie”, “exulter”
et de là “être transporté de désir”,
“être impatient de”, “brûler de”, “désirer
ardemment” (suivi d'un infinitif complément). L'euskera antépose
le déterminant infinitif : ERRAN-GURA/ARRAN-GURA (BN)
“vouloir-dire, souci, inquiétude à confier, appréhension”
et “signification d'un signe, d'un mot, d'un message, etc.”
AGUD & TOVAR « Del b. lat. rancor,
bearn. rancura. También alude a su origen
románico MICHELENA, FHV 53. » Mais la construction
se retrouve avec des compléments infinitifs en grand nombre : IKUSGURA,
JAIGURA, EZKONGURA, JAKINGURA, DANTZAGURA, JANGURA,
JOSTAGURA, etc. De plus, les sens de lat. rancor,
du verbe rancesco, rancere “rancir,
devenir rance”, et signifiant “rancissure, odeur de rance”
et au sens moral “dégoût, rancœur” qui n'a
« pas d'étymologie sûre » (M. 564) ne correspondent
pas aux acceptions diverses de bsq. ERRAN-GURA/ARRAN-GURA.
Cf. GURENDU “convoiter”, GUREN “préféré”,
Azk. I, 370. |