EMOK-I/EMOKA-TU : 1º “constellé,
surchargé, tapissé de” fruits, parasites, étoiles
(ciel), etc. ; 2º “crépir”; 3º
“hérisser”. LHANDE fait dériver le mot
de cast. moco, ce que rejettent AGUD
& TOVAR qui évoquent lat. *ex-mūcare,
non attesté, de mucus “morve”...
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EMO-KI/EMOKA-TU “crépir”
se faisait selon deux procédés : |
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1) |
sur murs de pierres et de pisé,
application de boue d’argile plus ou moins mêlée
de chaux, ce qui colmatait les irrégularités de
la paroi et, après lissage et sèchage, permettait
le blanchissage à la chaux ; |
2) |
sur parois en clayonnage des constructions
sommaires, telles que les abris de bûcherons, charbonniers,
gardiens de troupeaux, application de boue d’argile pour
étanchéifier contre pluie et vent. Les cloisons
de maisons anciennes étaient faites d’un clayonnage
amélioré puis enduites (EMO-KI) de boue
de terre et de chaux avant blanchissage (Beyrie-sur-Joyeuse). |
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En conséquence, on peut imaginer que le mot EMO-KI/EMOKA-TU
peut être en relation avec l’idée de terre, argile, boue.
Et l’on trouve bsq. (H)UMATU “terrasser, dompter à
coups redoublés”; bsq. H/KUME
lat. homō
germ. guma “homme” = “produit
de la terre” = “humus”; skr. déhmi
“enduire”, “fixer avec du mortier”, Chtr. 1099,
thok. A tkam “terre”, avest.
ză, génitif, zəmo
et locatif zemi “à terre”,
bsq. ZAMAR “couvert végétal herbacé couché
au sol”
“manteau” (Beyrie-Sur-Joyeuse), gr. χαμμαἰ
(khammai) “à terre”, bsq. TAMAL et TAMEL
“vil” = lat. “humilis”
et gr. χθαμαλός
(khthamalós) “id.”. Ainsi, pourrait-on proposer pour
EMO-KI “enduire de terre”.
Une autre hypothèse est envisageable à partir de BOKA/MOKA
“argile lourde” très compacte, absent de Azk. et Lh.,
dont la forme BOKA est possible du fait de l’alternance /m/b/
normale : on aurait EMO-KI “crépir, enduire de mortier”
/E/,
augment,
+ /BOKA/MOKA/ “argile” + suffixé
/-KI/
gr. -κα/ (-ka) de fléchissement
verbal au perfectum,
comme JARRAIKI, ERAMAKI, UKANKI, JOAKI, IZANKI...
Forme EMOKA-TU avec suffixe d’itération /-KA/
gr. -κα/ (-ka) suivi du suffixe
/TU/ de rection
verbale exprimant le procès parvenu à son terme. Voir
BOKA. |