DJAR-/JAR-, /EZAR-/EXER-
: 1º “(s')asseoir, (se) placer”
; 2º “placer, poser” ; 3º
“mettre en place” ;
4º “établir, fonder” ; 5º
“se livrer à une action, se mettre à” ; 6º
“(se) fixer, se mettre en situation, prendre le rôle, la fonction
de” ; 7º “(s')exposer à”
; 8º “(se) stabiliser”.
Les deux formes JAR- et (E)ZAR- doivent se ramener
probablement à une même, et ne se distinguent pas clairement
par le sens. Cependant, en BN, E-ZAR est plutôt spécialisé
pour signifier “mettre, placer, poser” et JAR (DJAR)
pour “(s')assoir, (s')établir, etc.”. EXER-/EZER-I
se dit dans les dialectes occidentaux pour lat. sedēre,
“(s')assoir”, Azk. 297. Le /e/ de EZAR
est facultatif en BN, comme pour (E)MAN “donner”, (E)ZAGUN
“connaissance”, (E)KHEN “enlever, saisir”,
etc., comme l'augment
gr. /ε/ l'était dans Homère.
Peut-être s'agit-il de la contamination réciproque
de deux formes distinctes à l'origine dont les champs sémantiques
se coiseraient ?
Les rapprochements envisageables pourraient être :
1º) |
EZAR-/EXER- : cf. gr. s/ἧμαι
(ϝ/hēmai) “être assis”,
hitt. troisième personne du singulier eša(ri),
skr. ā̍ste = gr. ἤσται
(ḗstai). |
2º) |
Gr. τίθημι
(títhēmi) “poser quelque chose qui est destiné
à durer, établir, fonder, poser, créer”,
dont l'aoriste
ἔθηκε
(éthēke) « est rapproché de skr. ádhāt,
v. perse adā, arm. ed
(i.-e. /*e-dhēt/), et d'autre
part de lat. archaïque fēced,
puis fēcit, d'où le
présent facio ; le même
morphème
guttural figure dans le phrygien αδ-δακετ
(ad-daket) et peut-être le néo-phrygien dakar
», Chtr. 1117. On peut évoquer bsq. EGIN “faire”.
Le radical i.-e. serait déduit de gr. θετος
(thetos) et skr. futur dhāsyámi
/*dhə1-tó-/
skr. api-hita
et gr. ἐπι-θετος
(epi-thētos) ; on a encore skr. dhā̍man-
“thème”.
Rappelons que phonétiquement /d/ et /r/
liquide permutent en bsq. : cf. XAURI/XAUDI “viens”,
EGON HARI/EGON HADI “reste là”, DIRARE/DIRADE
“ils sont”, NADIEN pour NARIEN,
NINTZADEN pour NINTZAREN, etc., de sorte
qu'on est fondé à rapprocher bsq. (E)XER/DJAR
de lat. sed-ēre “être
assis, sièger”. |
|
Lat. sedēre
et gr. ἕζομαι,
ἵζω (ϝézomai,
ϝízō) “s'asseoir” et les formes nominales
ἕδος (ϝédos)
et ἕδρα (ϝédra)
“siège” en face de bsq. XEDERA “sautoir,
pose-pied pour enjamber les clôtures”, “perchoir
à lacets” des oiseleurs. La forme gr. ἱζανω
(ϝizanō) « dont le sens est factitif
“asseoir” mais aussi intransitif “s'asseoir”»,
Chtr. 313, tout comme bsq. ETZAN “étendre, coucher”
et “s'étendre, se coucher”. Chtr. 314 : «
Racine /*sed-/ “asseoir,
passer” et “s'asseoir” [...] Ἕζομαι
[ϝézomai] serait un présent thématique
à suffixe /*ye/o/
de valeur indéterminée et signifiant “être
assis” [...] Même thème peut-être en germanique
: v. norr. sitia, v.h.a. sizzen
[...] got. satjan (qui doit reposer
sur /*sod-/), etc. » |
Remarque : bsq. ZIZURIA/ZÜZÜLIA
“siège du chef de famille” doit être de lat. subsellium,
de même que SALA “manoir” de lat. sella
et gr. ἑλλα
(ϝella). |