BEROTARSUN “chaleur”, “phénomène
de chaleur”. C'est un abstrait par le suffixe double /-TAR/-SUN/
ajouté à BERO “chaud”. Gr. θέρος
(théros) “chaleur”.
/-TAR/ est un suffixe indiquant l'origine des personnes, la
provenance des animaux, des plantes ou des choses (plus rarement dans la
langue moderne), le naturel d'une entité, la nature d'un état,
d'une affection, d'une idée, d'une représentation, etc. :
LUZE “long” LUZETARSUN
“longueur”, EDER “beau”
EDERTARSUN “beauté”. Donc un suffixe de qualité.
Souvent évalué comme emprunt au latin par fausse coupe et
altération de sa base /-TAS/ pour /-TAR/ ; l'amuïssement
du /r/ ou son assimilation
à la sifflante
étant phonétiquement possible : cf. OGI “pain”
pour ORGI du Codex
Calixtinus, OSTEGUN “jeudi” pour ORTZEGUN,
OSPE “voûte du ciel” pour ORZBE, etc. De
plus, l'attribution de /s/ au premier élèment
de suffixe altère le deuxième élèment /-SUN/,
que l'on rencontre intacte dans OSASUN “santé”,
comme dans les formes grecques en -συνος-,
συνη (-sunos, -sunē-).
Cf. P. CHANTRAINE, La formation des noms en grec ancien 210-213
: « -συνο-,
συνᾱ doit être
considéré comme un degré zéro
répondant au skr. tvana-. ».
Pour un bascophone ce suffixe évoque notre suffixe
/-DUN/ “l'ayant” qui permet de former des adjectifs :
IRABAZTUN “qui gagne, vainqueur”, BIZARDUN “barbu”,
ZALDUN “chevalier, cavalier”, etc...
Parallélisme des formations grecques qui commencent «
d'abord à former un petit groupe d'adjectifs : πισος
(pisos) “confiance” πισυνος
(pisunos) “confiant”, θαρσος
(tharsos) “audace” θαρσυνος
(tharsunos) “audacieux”. Le suffixe donne des dérivés
tirés des racines verbales d'abord, ensuite le plus souvent il est
ajouté à des formes nominales. » De là s'est
amorcé un groupe important de noms de
qualité : Hom. γηθοςύνη
(gēthosúnē) “joie”, Hérodote δεσποςύνη
(desposúnē) “autorité” ; μεγαλωςύνη
(megalōsúnē) “grandeur”, καλλοςύνη
(kallosúnē) “beauté”, κουροςύνη
(kourosúnē) “jeunesse” de κόρος/κουρος
(kóros, kouros) “enfant”, à comparer à
bsq. HAUR “enfant” HAURTARSUN
“enfance”, etc. |