ADIÑA (AN, B, G), Azk., I, 10 : « tanto
como, autant que. »
ADIÑA ne doit pas être confondu avec ADIN
: 1º “âge”
/*AIU-DIN/ probablement (cf. AIUTA)
et
ADIN : 2º “entendement, intelligence,
raison” de verbe ADI “entendre” ?
La forme ADIÑA pourrait recouvrir un *ADEINA,
le /i/ pouvant se consonantiser avec palatalisarion
en situation de diphtongue précédant des sonnantes
notamment : cf. MALLEGU MAILEGU
“crédit”, GAZTAÑA
GAZTAINA “châtaigne”, ARTZAÑA
ARTZAINA “berger”, etc.
ADIÑA peut recouvrir le gr. ἅδην
(ϝ/sádēn), accusatif
adverbial d'un substantif *α̊γην
(agēn), dont le suffixe entre en meme temps dans la série de
βάδην (bádēn),
etc... Chtr., 20, “à satiété”, ἅδην
(ϝ/sádēn) « est évidemment
issu de la racine de ἄω,
ἄμεναι
(áō, ámenai) “(se) rassasier”. Il y a un
/d/ qui se retrouve dans l'arm.
at-okʽ, alors que les autres langues
ont généralement un /t/,
cf. lat. satis, etc. ».
D'autre part, le gr. ἄση
(ásē) et ἆσαι
(asai) “rassasier”
bsq. ASE/ASIA/ASEA “saturer, rassasier”
et même “dégoûter”
gr. ἄσα “dégoût”,
Chtr. 121 (Origine de la sifflante des aoristes sigmatiques ?).
Le gr. ἆσαι (ãsai)
et le bsq. ASE “rassasier” dérivent de gr. ἄμεναι
(ámenai). Peut-on supposer que le /μ/
(m) de ἄμεναι
(ámenai) soit la réalisation d’une diphtongue /*-oe/
(comme le /m/ de EREMAN
EROAN) ? Dans lequel cas ἄμεναι
(ámenai) qui donnerait ἄση
(ásē) et ἆσαι
(ãsai) procéderait d’un composé *AO-ES-(i)
AHO-
ETṡI “réaliser bouche” ou “bouche
satisfaire”, cf. ERDI-ETSI, GUTI-ETSI,
GOR-ETSI
/-E-TS-/ désidératif ?
Hypothèse d’une autre interprétation étymolgique
posible : ADIÑA, AINA, HEIN(A) : Formes
dérivées d’un même originel qui pourrait être
le génitif
de /E/HE/HA/HU/KU/, pronom de troisième
personne du singulier (pluriel EI-/HAI-, etc.) = “lui,
elle” et pronom démonstratif “celui, celle”
les divers degrés de proximité précisés par
des alternances vocaliques et “suffixales” : HAUR “celui-ci”
près de moi, HOR-I “celui-là” près
de toi, HURA “celui-là” là bas, répondant
aux adverbes *HAUR (de AUR- “devant”), HOR
(réduction de HAUR ?) “là” près
de toi, HAN (de HA-RAN, cf HAR-AINDI
“au-delà, de l’autre côté” et HARA(T)KARA
“très devant” = “bien loin”, synonyme URR-U-N
AUR-) = “là bas”.
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Sens : Azk. I, 10 et I, 227 en distingue trois : |
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1º ADIN : |
a) “edad : âge” ; b)
“entendimiento : intelligence” qui semble
un sens dérivé et métaphorique
de “l’âge de raison” ; c) “coetáneo
: contemporain”, en fait réduction de la locution
ADIN BEREKO, ADIN KIDEKO = “même âge”,
litt. “d’âge avec” et nombreux dérivés
: ADINAGIN, ADINDU, ADINEKO, ADINIDE...
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2º ADIÑA : |
(HN, B, G) “tanto como : autant que” ; |
3º HEIN : |
1º (BN, Z, S) “estado, proporción,
medida, catadura, condición, carácter : état,
proportion, mesure, mine (apparence), condition, caractère”
; 2º “lo preciso : le nécessaire”,
Garazi “le suffisant” ; 3º “un poquito
: un petit peu” ; 4º (BN, Z, L, S) “promedio
: moyenne, environ, milieu d’une chose” ; 5º
“punto, ocasión : moment, occasion”,
contamination possible de UNE “moment, occasion”,
“endroit” (GUNE) ; 6º “esfera,
rango : sphère, rang” et “niveau”. |
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Le sens général ou “premier” serait
“de lui/sien”, “d’eux/leur”, soit “comme
lui, comme celui-là” = “autant que lui, autant que celui-là”,
etc., le pronom supposé renvoyant à une chose ou une personne
tierce vue comme référence, étalon de comparaison (cf.
génitif et superlatif-extractif ayant même désinence
en i.-e., laquelle est toujours présente dans l’euskera moderne).
Ce HEIN correspond à l’i.-e. /*swe-/
qui « se prêtait à indiquer soit un membre d’un
groupe social (sodālis “membre
d’un collège”, soror, suesco),
soit l’isolement (sēd) », ce qui a donné «
le réfléchi i.-e. [à] formes de pronoms personnels
/sē/ » M. 664. Lat. suus
“son”, gr. ἑέ
(h/seé) de *ἑ(ϝ)έ
(h/sewé), lit. savē.
La nasale de génitif bsq. apparaît dans lat. illorum
(comme fr. sien, tien, mien, son, ton, mon...),
eorum “d’eux, leur”
bsq. EUREN/BEREN, HAREN-HEIEN...
Cf. aussi lat. suesco “s’accoutumer,
s’habituer” de /*swēdh-skō/
“du groupe”, du réfléchi « qui indique ce
qui est propre à un individu, à un groupe d’hommes »
M. 663. Skr. svadhā “caractère
propre, habituel”, gr. εἴωθα
(eíōtha), de /*seswōdha/,
et ἔθος (éthos)
“coutume, usage”, ἧθος
(ϝ/hēthos) “coutume, caractère”,
“lieu de séjour” ; bsq. OHI “coutume, habitude,
propre” OHI-TU “(s)’accoutumer”
= lat. suesco ; bsq. OHIZKO
i.-e. /*swēdh-skō/ “propre
à un individu” = bsq. EUREZKO/BEREZKO “propre
à lui, à l’individu”. |